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Ma première trace

Comme dit dans le titre je suis le bizut de l’épreuve et me voilà donc convoqué à remettre une rédaction de notre périple Pascal. Bizut mais également béotien à tel point que le Sieur Paul de Vivie, dit Vélocio, m’était totalement inconnu. Et c’est grâce à André BECCAT qui m’invita à découvrir ce personnage haut en couleur que je me rendis compte de  tout ce que je devais à ce stéphanois de Vélocio qui eut en 1924, l’idée d’un rassemblement à Pâques aux Baux de Provence.  Il fait partie de ces précurseurs géniaux qui ont su développer leur passion et la technique pour la rendre accessible à la plupart d’entre tous. Il est au cyclotourisme ce que Moitessier est à la navigation à voile, de ces hommes qui savent construire, transmettre leur passion  dans l’humilité et la simplicité. Je crois que dorénavant,  je penserai souvent à ce Vélocio lorsque les pourcentages s’élèveront !

 

Mon forfait de l’année dernière pour cause de santé m’avait laissé une frustration certes, mais au récit de l’édition 2018 et ses humides conditions météo, je n’avais de cesse, la semaine précédente, de consulter les oracles pour savoir si nous serions mangés à la sauce grêle, pluie, crachin, brouillard et autres bontés du ciel… enfin tout ce qui agrémente habituellement les fêtes de Pâques. Il apparaissait par le truchement de la date tardive de Pâques cette année 2019 (1er dimanche après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps…Ouf !!) que les conditions climatiques devaient nous laisser espérer rouler en tenues légères (pas trop quand même, il y a des limites à l’impudeur).  Une seule trace pour le club cette année pour cause de concurrence avec l’AVCA qui organisait « La Provençale Sainte Victoire » ; rando le samedi et cyclosportive le dimanche où par les liens qui unissent nos deux clubs, nombre membres du CSPA se sont portés bénévoles à ces manifestations.

Malgré un intérêt certain pour ces festivité de l’AVCA, je voulais enfin la faire cette fameuse trace !

 

Notre cheftaine Josette  nous avait envoyé le parcours bien en avance et j’avais ainsi pu apprécier les talents d’André qui nous offrait pour son Jubilé (hé oui les années passent !) un bien bel itinéraire. La veille au soir rendez-vous fut pris pour lui remettre nos sacs et nous conforter mutuellement sur la météo à venir. En gros…on devrait passer entre les gouttes !!

 

Au départ, les Platanes

 

Ce samedi 20 avril, je retrouve, Jo, Alain, Arnaud, Christian et Jean Luc à 08h00 au bar des platanes. André, le premier arrivé, nous rappelle les dangers du début de parcours qui se fait sur des routes assez fréquentées. Le ciel est dégagé et nous promet une belle journée. Et nous voilà partis pour 165 km. Le train est tranquille histoire de réveiller les jambes. 

Les villages s’égrainent gentiment... Venelles, Peyrolles, Saint Paul Lez Durance… Une petite halte pipi devant le centre de Cadarache histoire de perdre quelques grammes tout en faisant attention à ne pas entrer en contact avec la clôture électrifiée… Nous en profitons pour certain, d’ôter le coupe-vent  car la température s’élève doucement mais sûrement. Plus légers, nous repartons sur un rythme un peu plus soutenu. Vinon sur Verdon puis la petite montée de  Gréoux les bains et direction Riez. Les jambes tournent bien, les éclaircies se multiplient… il en faut peu pour être heureux comme dit la chanson ! C’est arrivés à Allemagne en Provence que nous quittons la départementale pour une route plus bucolique direction Montagnac où ce mois d’avril nous offre une nature exubérante où les talus et bas-côtés se parent de coucou, violettes, primevères, jacinthes sauvages et autres iris de Sibérie. Je me rappelle que le printemps est une belle saison pour rouler quand le soleil est de la partie. L’équipée  fait un peu l’élastique au gré des petits pourcentages mais reste globalement groupée en se rassemblant dans les descentes.

 

A Montagnac avant les 3 bosses 'surprises' vers Riez

Et nous arrivons à Montagnac- Montpezat pour gravir les contreforts  du plateau de Valensole.. Non André, je sais bien que sur la carte Michelin il n’y a pas les pourcentages mais trois coups de c… entre 18 et 20%...ça surprend !!! N’est-ce pas Jo ?!! Christian manque de verser dans le fossé tout fleuri pour avoir bloqué son dérailleur (sa chaîne s’en souviendra plus tard… voir plus loin avant Upaix) et tous les deux finissent la dernière montée à pousser leur machine… promis, on ne le répétera pas… Et puis enfin, une descente sur Riez qui sent bon le casse-croûte. Le samedi à Riez c’est jour du marché à la réputation régionale donc…beaucoup de monde. 

Nous arrivons malgré tout à trouver un petit coin sympa, au soleil, pour nous sustenter. La table est accueillante et doit être honnête puisque  nous y rencontrons des traceurs de Hyères Les Palmiers qui y reviennent. Jo n’oublie pas de faire tamponner nos cartes et c’est à 13h00 et en avance sur l’horaire prévu que nous reprenons chacun notre plus belle machine pour les derniers 87 km. Moi je croyais qu’un plateau était…plat, hé ben non ! ça monte ça descend…ça fatigue les mollets et d’ailleurs l’élastique se tend de plus en plus mais toujours avec un regroupement au sommet et avec  les blagounettes qui vont bien avec. Puimoisson, puis la superbe descente sur la Bégude blanche où je retrouve des trajectoires de motard, Estoublon, Mezel, et nous rejoignons Chaffaut- Saint Jurson par une très belle route qui serpente entre les reliefs. Il ne nous reste plus qu’à glisser le long de la Bléone pour rejoindre Malijai où nous devons faire tamponner (merci Jo !) et profiter d’une courte pause. Christian nous désaltère avec un jus de fruit bien frais acheté à l’épicerie du village. Nous sommes en t-shirt manches courtes ! On se croirait presque en été ! Allez, fini la bronzette, il  reste encore 40 km, direction Sisteron par Volonne.

 

Sur la route de Sisteron, nous longeons la Durance que nous finissons par enjamber pour atteindre la porte alpine de la Provence. Je me rends compte que finalement depuis le début nous avons  un vent de sud-est plutôt favorable…et ça c’est bon pour le moral. Nous passons au pied de la citadelle de Sisteron et à la sortie de la ville une petite surprise nous attend.

La route de Ribiers est fermée pour cause d’effondrement depuis le 1er février ; avec une déviation sur Laragne. Ce que notre ami André ne pouvait savoir lorsqu’il fit le parcours. En 1944 le pont qui enjambe le Buech fut bombardé par les alliés qui voulaient couper la retraite des troupes allemandes et malgré sa reconstruction selon les règles de l’art, la zone reste fragilisée. Cette D948 est constamment dans l’ombre à cet endroit et les géologues pensent que l’eau associée au gel dégel sur de longues périodes est responsable de l’effondrement. Mais il reste une petite corniche équipée d’une main courante en corde qui laisse présager un possible passage.

A, à la queue leu leu...

Je me propose en éclaireur le vélo sur l’épaule…Ça passe !! Et voilà Jean Luc, Alain, Christian, Arnaud et Jo qui font les équilibristes à la queue  leu leu sur le schiste glissant au-dessus des foreuses de micropieux, une main pour la corde et l’autre pour le vélo. Image incongrue de cycliste alpinistes. Nous sommes vite récompensés de nos efforts car puisque la route est fermée….Elle est toute  à nous sur une dizaine de kilomètres.

 

Ribiers passé, il nous reste 5 km sur les 165 km pour atteindre Le Plan et le gîte où nous attend notre fidèle André. Paul, cyclosportif et maître des lieux nous offre le meilleur accueil et nous montre fièrement sa superbe machine : un Passoni titane !! Je vois les yeux briller de mes compagnons d’équipée.  Après la douche réparatrice et un repas chaleureux, la soirée se prolonge un peu par les expériences de chacun et je m’endors la tête pleine de montées de cols mythiques, de descentes vertigineuses et de distances monstrueuses.

Dimanche matin, départ du gîte vers Upaix

Dring ! 06h00 !!! Non mais, ça va pas ? Je suis à la retraite moi !! encore 5 minutes.. Je sens encore la fatigue dans les jambes…! Et aujourd’hui c’est dimanche….avec 65km pour Upaix et 120km pour le retour... Arnaud et Jean Luc, avec qui je partage la chambre sont déjà debout…. Alors, je m’arrache de la douce chaleur de la couette, cédant à la promesse d’une belle journée de vélo et m’en vais manger mes « pâtes gruyère café thé ». Le ciel est couvert mais pas menaçant et après avoir remis nos sacs à André, nous enfourchons chacun notre fidèle destrier carbone ou alu c’est selon, pour rejoindre Upaix.  Nous passons sous un ciel bien gris Laragne-Monteglin puis Monétier-Allemont. Merci à André qui nous attend au pied de la montée de Claret pour nous rappeler l’embranchement pas évident à voir. Hou !! ça monte, ça monte !!  Au sommet, nous attendons Jo et Christian. Une fois arrivés, Jo et Christian proposent  de nous laisser partir à notre rythme sur Upaix et de s’occuper des cartes et tampons une fois sur place. Jo compte rentrer sur Aix  avec André. Un peu tristes de cette séparation, Alain, Arnaud, Jean Luc et moi  filons vers Upaix après avoir passé La Motte du Caire et Le Poët.

Si si, c'est en haut la concentration!

Il est joli ce village perché d’Upaix ! Il est bien perché !! Mais on est rassurés car André nous a dit que le rassemblement devait se faire en bas… devait ! Car c’est bien au sommet que ça se passe et ça monte très fort. Arrivé en haut sur la place du village, je suis surpris par le nombre impressionnant de participants. Il est question de 2000 vélo ; je ne connais pas le chiffre exact mais Vélocio doit être satisfait de l’engouement pour son rassemblement pascal.

 

Peu avant Upaix, Christian casse sa chaine sans doute fragilisée la veille dans la montée de Riez.Il ne lui reste plus qu’à rentrer sur Aix accompagné de Jo dans la voiture d’André notre fidèle sherpa.

 

Après une bonne collation, il nous faut déjà penser au retour avec 120 km théoriquement sans pluie malgré un ciel de plus en plus chargé.  Le retour se fait à bon train avec la locomotive Jean Luc ; Alain et moi prenons quelques relais malgré tout. Il y aura juste quelques gouttes de pluie à La Brillane qui nous rafraîchirons plus que ne nous mouillerons.  Arnaud suit à l’abri et se dit qu’il rentrerait bien en train… Mais au casse-croûte  à Manosque  nous arrivons à le convaincre de continuer tous les quatre ensemble. Arrivés à 15h30 (3/4 d’heure avant le train en gare d’Aix !!!) aux Logissons, je me sépare de mes compagnons pour rejoindre Puyricard. Nous aurons fait le retour en 4 heures et demi à une moyenne de 30.03 km/h. Merci Jean Luc.

 

En conclusion, je crois que je peux féliciter au nom de nous tous  André pour avoir organisé ce beau parcours (il dit que c’est le dernier mais je ne le crois pas…) ainsi que notre cheftaine Jo pour la logistique. L’année prochaine nous serons sans doute plus nombreux car Pâques tombe le 12 avril ( 1er dimanche après la pleine lune…etc) et la cyclosportive La Provençale plus tard. Ne dit-on pas que plus on est de fous et plus on rit ? Alors rions mes amis et vive le dérailleur.

Christophe RADA

(Album photo ici)

La vidéo

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